Jeudi 20 avril
Soirée d’ouverture
19H
En avant-première • en présence de Ruben Gomez, chef Toque Blanche, restaurant Nikkei.
Umami
Slony Sow, France/Japon, 2023, 1h47, DCP
Int : Gérard Depardieu, Pierre Richard, Sandrine Bonnaire, Antoine Duléry
Première séance à 19h et deuxième séance à 21h15
Séance en partenariat avec le Cinéma Castillet
Gabriel Carvin est l’un des chefs cuisiniers les plus célèbres de France et un gourmet dans l’âme. Mais en effectuant des prouesses culinaires tout au long de sa carrière, il a également toujours négligé sa propre famille. Puis, au fil des années, il a perdu son appétit pour la vie. Même la troisième distinction de l’étoile de cristal, que son restaurant « Monsieur Quelqu’un » est le seul à recevoir en France, ne parvient plus à l’enthousiasmer. D’autant plus que celle-ci est justement décernée par le critique gastronomique avec lequel sa femme le trompe. Ce n’est que lorsqu’il est contraint de prendre du recul après un infarctus que le corpulent professionnel reprend enfin lentement sa vie en main. Pour retrouver un ancien adversaire cuisinier, Gabriel se rend au Japon. Là-bas, il veut essayer d’enfin percer le secret de l’umami, une mystérieuse cinquième note de goût. Entre les soupes de nouilles aromatiques, les anciennes rivalités et les nombreuses nouvelles amitiés qui l’attendent dans le lointain Japon, il va découvrir qu’il y a plus de place dans la vie que pour une seule passion et qu’il n’est jamais trop tard pour faire partie d’une famille.
Le dernier film du réalisateur Slony Sow, UMAMI ou « l’essence du délice » est un hommage à la gastronomie française et japonaise, et offre au public un festin cinématographique, avec une cuisine gourmande et des dialogues spirituels du monde entier.
Vendredi 21 avril
17H • séance présenté par Floreal Peleato de la revue Positif
Les Gens de Dublin
The Dead
John HUSTON, USA/GB, 1987, 1h23 – 35mm
Int : Angelica Huston, Donald McCann, Dan O’Herlihy
D’après la nouvelle Les Morts (The Dead), extraite du recueil de nouvelles Les Gens de Dublin (Dubliners) de James Joyce.
Dublin, janvier 1904. Comme tout les ans, les sœurs Kate et Julia Morkan ainsi que leur nièce Mary reçoivent leurs proches et amis pour célébrer l’Épiphanie. Parmi eux se trouvent Gabriel Conroy, leur neveu, et sa femme Gretta. Au gré des poèmes gaéliques, des chants, des danses et des plats qui se succèdent, les convives entretiennent de joyeuses conversations de salon et commencent à évoquer les chers disparus, célèbres ou inconnus…
Durant sa carrière, avec plus ou moins de bonheur, Huston a chercher à porter à l’écran des auteurs volontiers réputés inadaptables : Moby Dick (1956), d’après Herman Melville, Les Racines du ciel (1958), d’après Romain Gary, La Nuit de l’iguane (1964), d’après Tennessee Williams, Reflets dans un œil d’or (1967), d’après Carson McCullers, L’Homme qui voulut être roi (1975), d’après Rudyard Kipling, Le Malin (1979), d’après Flannery O’Connr, et Au-dessous du volcan (184), d’après Malcom Lowry. Mais jamais comme ici il n’avait réussi à « coller » à ce point à l’œuvre d’un écrivain. Au point qu’en regardant certaines séquences du film on se dit que l’on pourrait presque lire la nouvelle de Joyce et en regarder simultanément les images.
Pendant qu’il tournait GENS DE DUBLIN, Huston avait expliqué son admiration pour Joyce : «C’est l’écrivain qui a été le plus déterminant dans ma vie… Le style des GENS DE DUBLIN est d’une clarté absolue. Limpide. Les nouvelles de Joyce sont à l’Irlande ce que celles de Tchekhov sont à la Russie. Ça m’étonnerait que Joyce n’ait pas été influencé par Tchekhov…»
20H30 • séance présentée par Floreal Peleato de la revue Positif
Le Charme discret de la bourgeoisie
Luis BUÑUEL, France/Italie, 1972, 1h42 – DCP
Int : Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Jean-Pierre Cassel, Stéphane Audran, Michel Piccoli
Don Rafael Acosta et ses amis, M. et Mme Thévenot, accompagnés de Florence, la sœur de madame, se rendent à dîner chez M. et Mme. Sénéchal. Mais les Sénéchal n’avaient pas noté la bonne date sur leur agenda. Ils décident quand même de se rendre dans un restaurant du coin mais son propriétaire vient de passer l’arme à gauche et repose dans la pièce d’à côté. Chaque fois que les six amis décident de se retrouver, une circonstance imprévue va interrompre leur repas…
Pour leur troisième collaboration, Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière souhaitent faire un film fondé sur le principe de répétition. LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE tourne tout entier autour d’un rituel cher à cette caste : le repas – ou, en l’occurrence, l’absence de repas puisque les protagonistes n’arriveront jamais à terminer leurs agapes. L’éternelle frustration qu’elle entraîne chez les héros est puissant facteur comique, renforcé par un humour toujours plus absurde et grinçant. Buñuel décortique avec drôlerie les habitus de cette classe sociale avec ses rituels immuables, rappelant le cinéma d’un autre grand réalisateur, Claude Chabrol – ressemblance soulignée par la présence de Stéphane Audran. Les bourgeois tournent en rond dans un monde qui n’avance plus pour eux et restent figés dans le décor. Ils n’ont alors d’autre choix que de s’inventer une multitude de mondes parallèles pour tenter d’échapper à une mort imminente – symbolisée par leur incapacité à se nourrir.
Samedi 22 avril
10H30 ;
Il Villani
Daniele DE MICHELE, Italie, 2018, 1h17 – DCP
2018, dans un monde dominé par l’agriculture et la pêche industrielle, nous allons suivre aux quatre coins de l’Italie, quatre paysans et deux pêcheurs qui ont décidé de pratiquer leur métier comme autrefois, dans le respect de la nature. Depuis Alcamo en Sicile nord occidentale avec Salvatore, à Baselice au cœur de la Campanie avec Modesto, à Trambileno dans le Trentin avec Luigina, jusqu’au port du vieux Tarente avec les frères Galasso, nous découvrons des réalités d’aujourd’hui qui nous sont totalement inconnues. Des paysans libres qui ne suivent pas les règles imposées par l’Union européenne et ses lois liberticides qui assassinent la biodiversité, pour produire leurs fromages, leurs tomates, leurs confitures ou bien leurs moules. Le point commun entre tous ces travailleurs, c’est cette volonté de bien faire, cet amour pour leur métier, ce respect pour la nature dont ils dépendent ainsi que les conditions de vie bien difficiles qui en découlent.
« En quinze ans de travail, à travers mes livres et mes spectacles, j’ai essayé de montrer les liens entre la cuisine et l’art, de dire ce que représentait pour moi la cuisine. Ce qui m’émeut et que je veux partager, c’est l’existence de ces personnes qui sont capables de créer des gestes et de construire autour un savoir vivant. Leur existence est primordiale. Le documentaire est l’instrument qui peut permettre que cette rencontre se réalise… »
Daniele De Michele (Dossier de presse)
14H30 • en présence du réalisateur
Vendanges
Paul LACOSTE, France, 2016, 1h19 – DCP
Des hommes, des femmes, des retraités, des étudiants, des chômeurs, des précaires… Cherchant la nature parce qu’ils étouffent en ville, cherchant la compagnie parce qu’ils sont seuls, cherchant la paye, surtout. Avant, ils venaient de loin, aujourd’hui, on les trouve tout autour.
Les documentaires sur l’agriculture, et notamment la viticulture, sont aujourd’hui monnaie courante. Mettant en avant les culture durables ou dénonçant les effets des pesticides, bon nombre d’entre eux apparaissent comme des plaidoyers sanitaires et écologistes. Paul Lacoste préfère emprunter les chemins du genre humain, tout aussi nécessaires. Ici, il est question de personnes bien plus que de vignes. Paysage humain sur fond de paysage agricole. Les caméras saisissent autant les gestes répétitifs et manuels du travail viticole que les visages, les regards perdus et les éclats de rire. Le documentariste sculpte son film dans une matière mêlant la difficulté du labeur et l’optimisme d’être là, à travailler. Aussi, VENDANGES est un savant mélange entre les instants collectifs dans la vigne et des entretiens individuels menés avec quelques travailleurs. Ce qui est le plus saisissant dans le film, est le vertige qui règne entre la camaraderie de l’équipe et les craintes individuelles saisies dans la réflexion. Entre liberté et précarité, les bonnes blagues et les pensées tendrement philosophiques fusent.
Film tourné en région. En partenariat avec Occitanie Films.
20H ;
Tampopo
Juzo ITAMI, JAPON, 1985, 1H44 – DCP
Int : Tsutomu Yamazaki, Nobuko Miyamoto, Ken Watanabe…
Tampopo, une jeune veuve, gère tant bien que mal un petit restaurant de ramen dans un quartier populaire de Tokyo. Mais un jour Goro, un client fin gourmet, entreprend de lui apprendre à cuisiner les nouilles. D’autres histoires interviennent, aventures érotico-alimentaires d’un homme en costume blanc, dernier repas d’une mère de famille, obsession compulsive d’une vieille dame. Toutes ces histoires, liées à la cuisine, attestent la quête de
raffinement des personnages.
Le film est marqué par l’esprit de sérieux, voire de fanatisme, que témoigne le Japon, où manger peut s’apparenter à un acte sacré . Mais Juzo Itami, qui dans Funérailles, son film précédent, avait dynamité les notions de genre et de bon goût, montre que l’on peut aussi jouer avec elle. Au cœur du récit, le couple formé par le gangster et sa maîtresse décrit la relation profonde qui unit la passion de la gastronomie à la recherche de l’extase sexuelle. La bande annonce pratique l’ironie et la citation, en présentant le film
comme un western-ramen. Le réalisateur s’amuse à subvertir les codes et les genres, et fait de TAMPOPO un mélange éclectique du cinéma mondial. Loin de se contenter de combler la faim, la nourriture joue un rôle éminent dans cette œuvre comique et satirique, révélée à la Quinzaine des réalisateurs, « à consommer », disait la bande-annonce, « comme le meilleur des soupes japonaises. »
22H30 ;
Le métro de la mort
Gary SHERMAN, GB, 1972, 1h28 – VF – 35mm (collection Institut Jean Vigo)
Int : Donald Pleasence, Norman Rossington, Christopher Lee
Le métro de la mort est un film de genre réalisé en 1972. A Londres, deux étudiants américains, Patricia et Alex, font une macabre découverte dans les escaliers de la station de métro Russel Square, mais le cadavre disparaît. Déjà confronté à une affaire de ce genre l’inspecteur Calhoun reçoit des services secrets l’interdiction d’enquêter car la victime est un haut fonctionnaire. En 1892, des ouvriers et des ouvrières ont été ensevelis en construisant la station de métro British Museum. Que sont-ils devenus, et quels sombres secrets recèlent les profondeurs du métro ?
Film indépendant à petit budget, LE MÉTRO DE LA MORT est dû à l’Américain Gary Sherman, créateur d’une prospère entreprise de publicité à Londres avec son ami Jonathan Demme, quand ce dernier reçoit une proposition de Roger Corman. De son côté, Gary Sherman tourne avec son ami Ceri Jones un mélange d’images choc inhérentes au genre et de sous-texte politique très engagé à gauche. Plus inspiré par La nuit des morts-vivants que par la mythologie gothique, le film fait le choix d’un traitement réaliste, voire sordide, dans un contexte contemporain. LE MÉTRO DE LA MORT est produit à un moment où le film d’horreur décline. Violemment anti-capitaliste, il met l’accent sur les cloisonnements sociaux et la dureté des rapports de classe. Le tout donne un objet cinématographique original, entre comédie décalée et film d’auteur à portée sociale.