Lycéens et apprentis au cinéma est un dispositif scolaire qui s’inscrit dans la politique de sensibilisation et d’éducation artistique du jeune public conduite par le CNC.
Dans ce cadre, les lycéens et les apprentis découvrent des œuvres cinématographiques lors de projections organisées spécialement à leur intention dans les salles de cinéma. Grâce au travail pédagogique d’accompagnement conduit par les enseignants et les partenaires culturels, ils se constituent les bases d’une culture cinématographique.
En Languedoc-Roussillon, le choix a été fait d’accompagner les films par des interventions en classe d’artistes et de professionnels du cinéma. Chaque classe bénéficie donc de 3h d’atelier. Par ailleurs, la projection de l’un des films du programme est précédée d’un court-métrage méditerranéen, en présence des réalisateurs ou producteurs, en partenariat avec le Festival Cinéma Méditerranéen de Montpellier.
Comme chaque année, une formation vous est proposée à Nîmes les 15 et 16 octobre au Cinéma Le Sémaphore de Nîmes.
- CERTAINS L’AIMENT CHAUD de Billy Wilder – 1959 – Etats-Unis – 2h01
Pour échapper à la mafia, deux musiciens déguisés en femmes se mêlent à la troupe d’un orchestre féminin. Un indispensable de « la comédie du travestissement », d’une grande modernité dans son approche du machisme, de l’ambigüité sexuelle et de la féminité.
Le délicieux duo Tony Curtis / Jack Lemmon, Marilyn qui habite l’écran, et la magie opère. Quiproquos, comique de situation, gestuelle, dialogues enlevés, et un génial sens du raccourci font de Certains l’aiment chaud un joyau de comédie. Wilder plante des aiguillons partout, vise l’Amérique de la Prohibition, la mafia, le FBI, et manie l’art du faux-semblant avec dextérité et surtout une délectation communicative. Variation légère sur le travestissement, et de loin sur l’homosexualité, Certains l’aiment chaud est aussi une réflexion plus profonde sur le machisme et sur la sexualité, d’une totale modernité.
Autour du film : https://ciclic.fr/ressources/certains-l-aiment-chaud
- MAKALA d’Emmanuel Gras – 2017 – France – 1h36
Kabwita vit à Walemba dans le Katanga, une région de la République démocratique du Congo. Pour faire vivre sa femme et ses enfants, il fabrique du charbon de bois qu’il va vendre à Kolwezi. Il parcourt les 50 km qui le séparent de la ville voisine au prix d’un exténuant périple solitaire à vélo. Après avoir abattu et brûlé un grand arbre, Kabwita le débite, le charge sur son vélo, puis traverse les routes du Katanga, dont les forêts sont décimées par l’exploitation sauvage. Arrivé en ville, il rend visite à la soeur de sa femme à qui il a confié sa propre fille pour lui permettre de recevoir une meilleure éducation que dans son village. Le lendemain, il vend sa cargaison, négociant le prix de chaque lot avec les clients qu’il croise dans les allées du marché. Il profite de son passage à la ville pour acheter des médicaments pour son bébé malade ainsi que des matériaux pour la maison qu’il projette de construire. À la nuit tombée, avant de regagner son village, il est attiré par le son d’un prêche qui lui parvient depuis la rue. Il rejoint cette veillée religieuse où il communie avec d’autres fidèles jusqu’au matin, implorant le Seigneur de l’aider à donner à sa famille tout ce dont elle a besoin.
Ce qui unit le cinéaste et son « personnage », c’est que tous deux sont au travail, côte à côte : l’un coupe du bois, l’autre tient sa caméra. Tous les choix de mise en scène cherchent à nous faire ressentir l’effort du charbonnier, la difficulté de son labeur, à quel point celui-ci est physique. Le cinéaste s’engage physiquement dans le tournage : il porte lui-même la caméra dotée d’un stabilisateur et d’un bras articulé qui permet à l’image d’être en mouvement constant mais sans tremblements. Il peut alors épouser les déplacements et gestes de Kabwita. Le film, très descriptif, insiste sur les coups de hache sur l’arbre, les coups de pelle, le bruit des pas. Emmanuel Gras se décrit comme un cinéaste de la sensation : il cherche plus à faire éprouver à son spectateur ce qu’accomplit son personnage qu’à expliquer le contexte de la vie de Kabwita — lequel serait nécessairement incomplet. Être courageux, être intègre, c’est ce à quoi le pasteur incite les fidèles lors de la messe finale : le film se laisse imprégner par la foi de Kabwita et se transforme en une extase.
Autour du film : https://filmsdulosange.com/film/makala/
- J’AI PERDU MON CORPS de Jérémy Clapin – 2019 – France – 1h21
Avant le film, programmation d’un court-métrage : Court-Métrage « Papillon » de F. Miailhe – Fr – 2023 – 14 min
Dans la mer, un homme nage. Au fur et à mesure de sa progression, les souvenirs remontent à la surface. De sa petite enfance à sa vie d’homme, tous ses souvenirs sont liés à l’eau. Certains sont heureux, d’autres glorieux, d’autres traumatiques. Cette histoire sera celle de sa dernière nage. Elle nous mènera de la source à la rivière – des eaux des bassins de l’enfance à ceux des piscines – d’un pays d’Afrique du Nord aux rivages de la Méditerranée – des stades olympiques aux bassins de rétention d’eau – des camps de concentration aux plages rêvées de La Réunion. L’homme finira par disparaître dans le bleu infini de la mer.
J’AI PERDU MON CORPS de Jérémy Clapin – 2019 – France – 1h21
Une main coupée s’échappe d’un laboratoire médical et part en quête de son propriétaire, un jeune homme nommé Naoufel. Au gré de son périple dans Paris, cette main se remémore de manière chaotique la chaîne d’événements qui l’ont amenée à être séparée de son corps. On apprend ainsi que Naoufel a perdu ses parents dans un accident de voiture. Recueilli en France par un oncle négligent, ce Marocain de naissance a grandi en partageant sa chambre avec un cousin envahissant. Devenu adulte, il vivote comme livreur de pizzas. Un soir de livraison, il fait la rencontre d’une fille, Gabrielle, qu’il ne voit pas mais avec qui il dis- cute longuement depuis un interphone. Pour Naoufel, c’est le coup de foudre. Après avoir enquêté pour retrouver sa trace, il découvre que Gabrielle aide chaque jour un vieux menuisier malade, son oncle Gigi. Plutôt que d’avouer à Gabrielle qui il est, Naoufel insiste auprès de Gigi pour qu’il le prenne comme apprenti. En même temps qu’il découvre un métier qui le passionne, Naoufel consolide sa compli- cité avec Gabrielle. Un soir, il décide de tout lui avouer, mais Gabrielle se braque et le laisse en plan. Naoufel se rend alors à une soirée organisée par son cousin, où il se saoule de désespoir. Quand il revient au petit matin à l’atelier, il se met au travail mais sa main se coince dans les lames d’une scie sauteuse. Amputé, Naoufel décide de jouer son exis- tence sur un geste insensé : il se jette du haut d’un immeuble en direction d’une grue — sur laquelle il atterrit miraculeusement, toujours en vie.
J’ai perdu mon corps repose sur la mutilation du corps comme métaphore d’un désarroi existentiel. Tel un chirurgien, Jérémy Clapin ampute le corps de Naoufel, pour suggérer une identité « morcelée », personnifiée par sa main coupée. Oscillant entre son enfance au Maroc et sa vie difficile en France, le récit adopte une structure fragmentaire pour « disséquer » la vie du jeune homme. Cette quête de soi prend place au sein d’un voyage spatio-temporel dans lequel Naoufel et sa main, en montage parallèle, se confrontent à l’hostilité du monde dans l’espoir d’un salut inatteignable. Le motif de la main constitue la représentation d’une introspection à la fois psychique et sensorielle, témoignant de la résilience de Naoufel face au double traumatisme de la mort de ses parents et de son amputation.
Le contenu pédagogique
Pour les élèves
- Une projection par trimestre dans une salle de cinéma partenaire
- Un dossier pédagogique de 24 pages sur chaque film, élaboré par la BiFi (Bibliothèque du Film), l’APCVL (Atelier de production Centre Val de Loire) ou les Cahiers du cinéma
- Des ateliers (3h)
Pour les professeurs
- Une formation
- Un dossier pédagogique et un DVD du court-métrage programmé
- Un temps de rencontre spécifique pour le choix des films
- Les documents pédagogiques ainsi que des outils complémentaires sont accessibles sur lyceensaucinemalr.org
Le dispositif prévoit
- Copie et documentation (enseignant et élève) envoyés par le C.N.C.
- Présentation du film
- Entrée aux séances : 2,50 euros par élève et par film
- Interventions pédagogiques en classe autour des films prises en charge financièrement par la Région